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Les indicateurs financiers n’annoncent pas de récession
information fournie par TRIBUNE LIBRE 04/04/2022 à 14:41

Felipe Villarroel, Gérant chez TwentyFour Asset Management, boutique de Vontobel AM. (crédit : DR)

Felipe Villarroel, Gérant chez TwentyFour Asset Management, boutique de Vontobel AM. (crédit : DR)

Par Felipe Villarroel, Gérant chez TwentyFour Asset Management, boutique de Vontobel AM


La correction actuelle des actifs risqués est un creux intra-cycle

La Russie a envahi l'Ukraine il y a près d'un mois. Bien que le marché ne sache toujours pas comment et quand cette guerre prendra fin, les rumeurs enflent sur la perspective d'une récession qui toucherait tout ou partie de l'économie mondiale. Partant du principe que ce conflit ne dégénère pas en une confrontation directe entre la Russie et l'OTAN, et que des accords de paix finiront par être conclus, nous ne croyons pas à la théorie d'une récession globale. Nous interprétons plutôt la correction actuelle des actifs risqués comme un creux intra-cycle. La probabilité d'une récession a certes augmenté, mais les indicateurs dont nous disposons indiquent clairement qu'elle ne devrait pas être le premier scénario retenu.

La croissance faiblit, mais se maintient

La croissance en 2022 devrait dépasser sa moyenne historique dans la plupart des économies développées, même après ajustement des prévisions suite à l'offensive russe. Aux Etats-Unis, la Fed anticipe une croissance de 2.8% cette année (avec plusieurs hausses de taux) tandis que la BCE table de manière plutôt optimiste sur une croissance de 3.7% pour la zone euro.

La probabilité d'une croissance égale ou supérieure à ses niveaux tendanciels est directement liée au fait que l'économie se trouve dans sa phase de transition entre le début et le milieu du cycle, et non entre le milieu et la fin du cycle. La croissance de fin de cycle est généralement inférieure à son évolution tendancielle, ce qui signifie qu'un choc exogène comme une guerre qui fait plonger les prévisions de 100 à 200 pb risque fortement de déclencher une récession. Avant l'invasion, une croissance de près de 4% était attendue dans la zone euro en 2022, un taux nettement supérieur à la moyenne historique pour la région. Un choc significatif sur la croissance n'entraîne pas nécessairement une récession.

Les banques centrales commencent tout juste à resserrer leur politique monétaire sur les marchés développés. Cela signifie donc que les conditions actuelles de politique monétaire sont accommodantes au vu de l'environnement macroéconomique. Dans ce contexte, la survenue d'une récession serait un phénomène aberrant d'un point de vue statistique. Les récessions se déclenchent généralement après que les banques centrales ont procédé à plusieurs hausses de taux ou retiré leurs mesures de soutien dans le but de ralentir l'économie ; or, ce processus s'amorce à peine.

Plus de hausses que de baisses des notations

Depuis le début de l'année, Moody's a enregistré 1,95 hausse pour une baisse de note dans le high yield américain, et surtout 6,7 hausses pour une baisse sur le segment des obligations américaines investment grade.

Ce sont-là les signaux d'une nette amélioration des paramètres de crédit. En Europe, les chiffres étaient également très positifs avant l'offensive russe et même s'ils ont notablement décliné depuis, un coup d'œil sur les baisses de notations permet de voir qu'un grand nombre d'entre elles concernent des entreprises russes ou leurs succursales européennes – Evraz, Rosneft, RusHydro et les succursales de Gazprom en Europe de l'Ouest ont ainsi toutes vu leurs notes révisées à la baisse.

Surveillance étroite nécessaire

Enfin, le marché du travail reste extrêmement tendu, en particulier aux Etats-Unis. Avec des chiffres qui ont atteint des plus hauts records pour les offres d'emplois comme pour les démissions, ainsi qu'une très forte croissance des salaires, il est difficile d'imaginer un retournement soudain qui déclencherait une récession dans un avenir proche. D'après les sondages ISM sur le secteur manufacturier et les services, les dirigeants craignent moins la dégradation des perspectives économiques que de ne pas réussir à pourvoir les postes nécessaires pour répondre à la demande.

En conclusion, même si la situation peut évoluer rapidement et certains signaux préoccupants justifient une surveillance étroite, il est peu probable que nous soyons à l'aube d'une récession sur les marchés développés.

L'économie, les entreprises et les consommateurs ont tous abordé 2022 en bonne forme et sont donc tout à fait capables de résister à un choc négatif. La croissance sera inférieure aux prévisions initiales, mais si le scénario d'une évolution égale ou supérieure au potentiel se concrétise, les spreads intègrent déjà une quantité significative de mauvaises nouvelles et paraissent raisonnablement attrayants à moyen terme.

1 commentaire

  • 04 avril 15:38

    "raisonnablement attrayants à moyen terme", ça vous donne envie d'y aller ?


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